C’est ma curiosité pour les penseurs chinois antiques qui m’a d’abord poussé à vers les textes en chinois classique, dans lesquels j’ai découvert à quel point leur sens est loin d’être immédiat, même lorsqu’on sait plus ou moins bien lire le chinois moderne.

Né en France de parents chinois, j’ai cru à tort que ces retrouvailles tardives avec cet héritage culturel pouvaient se faire sans intermédiaire, mais c’était sans savoir tout la part de transmission orale et d’exercice du commentaire qui accompagne cette riche tradition intellectuelle.

Je me suis donc plongé dans beaucoup de documentation, tout en perséverant pour me familiariser avec la langue ancienne et en réfléchissant aux problèmes d’interprétation et de traduction.

Ce n’est qu’en février 2025 que j’ai essayé pour la première fois, par jeu, de traduire un poème chinois de l’époque de la dynastie Tang. Je me suis surpris à parvenir à un résultat qui me semblait étonnamment proche du texte original tout en étant harmonieux à l’oreille, et j’ai cru à un coup de chance.

Je me suis amusé à en traduire d’autres. Des poèmes donc j’ai (re)découvert la beauté, car récités machinalement dans l’enfance, sous l’instruction de mes parents, et donc je ne saisissais pas totalement le sens. La langue employée est celle des lettrés, le chinois classique, et le vocabulaire pas forcément celui de tous les jours, sans parler de sa syntaxe particulière.

En même temps que j’admirais à quel point ces bijoux renferment de simplicité et de profondeur, l’envie m’est venue de partager avec d’autres amateurs de poésie ou de chinoiseries.

L’impression que je garde des traductions généralement publiées, est-celle d’un texte lapidaire, au rythme abrupt et sans musique, au ton parfois trop familier, accompagné d’un rare commentaire, laissant le lecteur dubitatif sur la poésie qui se trouvait dans l’original.

Mon but n’est pas de produire de version ultime, définitive, universellement consensuelle, qui épuiserait tout le sens contenu dans ces poèmes, loin de là.

Je vois la traduction comme un point d’entrée vers le texte original, qu’on peut déchiffrer (en lisant le mot à mot et la traduction littérale) ou l’écouter déclamé, même sans comprendre en détail la langue d’origine.

Un moyen de mieux apprécier d’autres conceptions littéraires, de jeux avec la langue.

C’est pourquoi je ne me prive pas de proposer souvent plusieurs versions, autant d’accès facilité aux oeuvres. L’exercice de comparaison permet aussi de mieux écouter la musique, d’analyser différents aspects ou interprétations du texte, avoir un aperçu soit des recherches ayant lieu lors du processus de traduction.

Parfois, on n’arrive à rien de satisfaisant.

Au bout d’un certain temps, il arrive aussi qu’on ait un peu de mal à se détacher du texte, donc lire d’autres avis extérieurs s’avère très instructif.

Merci pour votre appréciation !