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Le(s) rat(s) des greniers impériaux

Ce poème fut écrit par CAO Yè au moment du déclin de la dynastie Tang, période de révoltes et de répressions, et durant laquelle sévirent plusieurs famines.

Les rats sont normalement petits et craintifs, il sont dépeints ici d’une façon complètement opposée :

Le(s) rat(s) du (des) grenier(s) impérial(aux) (sont) gros tels des boisseaux
en apercevant quelqu’un ouvrir le(s) grenier(s), (ils) ne s’enfuient même pas
les soldats n’ont plus de vivres, le peuple est affamé
qui permit que vous vous goinfriez jour après jour ?

La langue employée se situe dans un registre populaire, pour faire une dénonciation à peine voilée des administrateurs gouvernementaux corrompus.

A moins que ce ne soit qu’un seul rat qui soit visé… Car le chinois ne marque ni le singulier ni le pluriel explicitement.

Le pronom à la 2e personne (君 jūn qui a un côté honorifique “Messire(s)”) est employé généralement pour des humains et apparaît seulement au tout dernier vers (ce que j’ai tenté de conserver dans ma traduction), rendant on ne peut plus claire cette satire, à la toute fin.

Un passage dans le 《史记·李斯列传》 Shiji, les Mémoires Historiques de 司马迁 SI Maqian, pourrait avoir inspiré ce poème.

Il rappelle aussi un hymne qui figure dans le 诗经 Shijing, le Classique des Odes, un recueil de chansons populaires dont la compilation est attribué à Confucius.

La sinologue Anne CHENG fait une lecture et un commentaire de cet hymne dans son cours au Collège de France prononcé le 16 décembre 2021 que vous pouvez consulter sur YouTube (à partir de 35 minutes) :

https://www.college-de-france.fr/fr/agenda/cours/la-chine-est-elle-encore-une-civilisation-suite/involution-et-civilisation

La photo utilisée en image de fond est de Frenjamin Benklin 🙏

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