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En écoutant jouer de la cithare

La cithare à sept cordes (古琴 gǔqín) est l’instrument de musique par excellence du lettré, qui a une histoire de plus de 2500 ans, et est généralement joué solo. Le poème ne dit pas clairement qui est en train de jouer. Est-ce l’auditeur lui-même ? Ou bien passait-il à côté de quelqu’un qui s’adonnait à la musique ?

Le poème commence par une onomatopée (泠泠 línglíng) qui caractérise les sons clairs, purs, fluides comme l’eau, mélodieux de la cithare :

Gling gling sur les sept cordes
(dans le) calme, (on) entend le froid hivernal du vent à travers les pins
bien que j’admire cette mélodie ancienne
Peu de gens la jouent de nos jours

On pourrait lire le poème comme l’expression de la joie du poète de tomber enfin sur quelqu’un qui admire autant que lui des chefs d’œuvre méconnus. Cependant “le froid hivernal du vent dans les pins” introduit une note de tristesse. Cela suggère que le poète se lamente de ne pas trouver d’autres amateurs avec qui partager son appréciation de la musique.

La cithare 古琴 gǔqín est un instrument qui se joue solo ou en petit comité, qui résonne donc avec ce thème de la solitude.

Le “vent à travers les pins” est un motif poétique récurrent dans la poésie chinoise. il fait en même temps référence à une pièce de musique. Vous pouvez lire l’analyse qu’ en fait John Thompson et écouter son interprétation sur YouTube : Silkqin

J’ai aussi trouvé un autre bel enregistrement qui porte le même nom 《风入松》 : https://youtu.be/mBx7bRM_vS0.

La caractère 调 diào signifie air, mélodie, intonation, tonalité, mais aussi “opinion, point de vue”, comme nous dirions en français “un son de cloche”, ou qu’on entend toujours le même “refrain”. On peut envisager que cet “air ancien” puisse être un enseignement issu du passé, de l’histoire, qui se répète de nouveau, dont on n’a pas tiré les leçons.

Est-ce aussi une coïncidence que le dernier caractère 弹 tán qui signifie jouer (sur un instrument à cordes) soit homophone (du moins en chinois mandarin moderne) du caractère 谈 tán qui signifie discuter ?

Le poème revêt alors possiblement un sens plus général, le regret de ne pas voir des idées anciennes, ayant fait leurs preuves, plus répandues, alors qu’on pourrait utilement en tirer parti.

La photo utilisée en fond vient de : https://montriwongworawat.com/woodworking/tuning-the-guqin/ 🙏

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